Réflexions philosophiques toutes personnelles sur les hommes et les guerres (Essai)

Alain schenkels portrait aventurier

Par Alain Schenkels, Administrateur et fondateur de ce site web
Publié le 29 mai 2025

Avant propos de cet essai

Mon existence sur terre est le fruit d’un héritage transmis à travers les générations, forgé par mes ancêtres qui ont traversé des époques et des contrées parfois très éloignées. Parmi eux, beaucoup ont été confrontés aux affres de la guerre, tant civile que militaire. Certains ont combattu dans divers conflits et en sont revenus vainqueurs, tandis que d’autres ont subi des blessures, la captivité ou même la mort.

Cette histoire ancestrale, jalonnée de conflits et de triomphes, constitue le socle de mon identité en tant qu’individu et me rappelle la force et la résilience de ceux qui m’ont précédé. Je suis le fruit de leurs histoires de vie, l’homme que je suis existe et vit aux travers d’eux.

Je ne crois pas du tout à l’astrologie, mais je suis du signe des gémeaux, double personnalité ?
L’être humain est un paradoxe : nos passions peuvent nous mener loin de nos réalités, nous incitant à explorer des univers aux antipodes de notre quotidien. Cette curiosité insatiable est une force motrice, nous poussant à contempler la complexité de l’âme humaine, capable de bâtir des cathédrales de rêves et de déchaîner des tempêtes de destruction. J’ai une fascination pour les histoires des hommes et des guerres, mais je suis bien heureux de n’avoir jamais été amené à devoir prendre part aux combats meurtriers.

Ce qu’écrivait Gandhi dans « Young India » en 1920 :

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« Je crois que s’il fallait, un jour, choisir entre la lâcheté et la violence, je conseillerais la violence. Je préférerais que l’Inde ait recours aux armes pour défendre son honneur, plutôt que de devenir lâchement le témoin de son déshonneur. »

Cette citation me parle énormément car c’est l’histoire de notre pays !
L’honneur de nos soldats en 1914 et 1940 de prendre les armes et tenter par tous les moyens de repousser les envahisseurs Allemands, d’utiliser la violence nécessaire quelque soit le prix humain à payer pour ne pas être asservi par l’ennemi, il n’y a aucun déshonneur à faire la guerre et le cas échéant à mourir pour son pays.

Si j’avais eu 20 ans en 1914 ou en 1940 : je me serais certainement engagé comme volontaire de guerre pour me battre et œuvrer à aider à mon petit niveau à sauver mon pays et ma famille de l’envahisseur, quel qu’en soit le prix à payer pour ma petite personne, fût-il une blessure, la capture ou la mort. M’engager à la guerre n’aurait été ni de l’héroïsme ni du courage, rien que l’idée est terrifiante, au pire peut-être l’envie d’aventure d’une jeunesse insouciante, cet engagement aurait été avant tout une question de devoir en tant qu’homme, d’honneur et de respect vis-à-vis de l’être que je suis, en conformité avec mon éducation et mes convictions personnelles.

A défaut de pouvoir prendre les armes au sein d’une armée, d’autres formes de luttes sont possibles pour contribuer à contrer l’envahisseur, tels que mon papa qui, malgré son très jeune âge, a rejoint la résistance durant la seconde guerre mondiale, transportant des messages et colis et espionnant les nazis.

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Mon papa : René Henri Edgard Schenkels (1928-2023)

La vie n’est pas un long fleuve tranquille

En tant qu’essayiste, je m’attaque à un sujet très vaste avec cette réflexion. Je suis un homme qui ne se laisse pas imposer une règle ou un point de vue, mais qui analyse les situations en prenant en compte tous ses aspects. Dans le cadre de cette analyse, pour répondre à certaines questions, je lis dans des lieux spécialisés les points de vue divergents des uns et des autres. Je me fais une première opinion globale, mais je vais bien plus loin dans ma réflexion pour avoir un avis éclairé.

Pour mieux appréhender les questions d’éthique ou imaginer le ressenti de l’homme dans une situation extrême et d’y répondre de la manière la plus circonstanciée possible, je me mets mentalement en scène comme un rôle d’acteur qui vit son personnage, j’inverse la situation en me mettant dans la peau du soldat. J’essaie de ressentir sa vie, ses angoisses, sa peur, parfois sa mort. Ce n’est pas un rôle facile car il s’agit d’un sujet complexe ou l’analyse de l’état psychologique d’un homme dans l’enfer d’une guerre est difficile à discerner.

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Ayant franchi le cap de la cinquantaine, mon regard sur le monde et les hommes qui le peuplent s’est affiné, j’ai appris à accepter la réalité crue de la guerre : elle a toujours fait partie de l’histoire de l’humanité et continuera de la hanter tant que les hommes existeront.

La violence est ancrée dans notre nature, alimentée par des passions telles que la soif de pouvoir, la peur de l’autre et les nationalismes aveugles. Les guerres, sous diverses formes, ont toujours existé, et il est illusoire de penser qu’elles disparaitront miraculeusement à l’avenir. En tant qu’homme, je suis également confronté à la question du devoir de défense. Il est juste de prendre les armes pour protéger son pays mais jusqu’où peut-on justifier la violence au nom de la patrie ?

Ce que je sais, c’est que la guerre est une abomination qui engendre des souffrances indicibles et laisse des cicatrices indélébiles. C’est pourquoi nous devons tout mettre en œuvre pour les éviter, même si nous savons que bien souvent elles sont inévitables, il est nécessaire d’accepter de faire usage de la violence face à un ennemi dépourvu de tout sens d’humanité, il nous faut dans ce cas accepter de prendre les armes et de neutraliser tout ennemi portant atteinte à notre patrie.

Nous devons honorer la mémoire des victimes des guerres, ces hommes sacrifiés sur l’autel de la folie humaine. Leur souvenir doit nous motiver à lutter contre la violence, même si nous savons que la guerre continuera à exister. Les efforts diplomatiques et les initiatives de paix ne suffiront jamais à éradiquer totalement les guerres. L’homme belliqueux trouvera toujours des motifs pour s’entretuer.

Passer la cinquantaine m’a amené à accepter la dure réalité de la guerre. Il n’y a pas de solution miracle, mais nous devons nous engager à minimiser ses horreurs et à protéger les plus vulnérables. C’est notre devoir envers l’humanité, envers les générations futures et envers la mémoire de ceux qui ont péri dans les conflits passés.

Depuis l’aube de l’humanité, la guerre a toujours été présente,
marquant l’histoire de son empreinte sanglante, détruisant les hommes que nous sommes.

Les guerres permettent aux hommes de légalement tuer d’autres homme, de vies à en prendre d’autres, un paradoxe vivant, tiraillé entre l’instinct de survie et l’ordre ou la nécessité de tuer. La mort rôde autour du soldat, une compagne familière et redoutée, chaque jour est une danse sur le fil du rasoir, chaque seconde une éternité suspendue entre la vie et la néant.

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Le soldat est entraîné à tuer et est préparé à mourir

La frontière entre les deux s’estompe, devient floue, la ligne entre le bien et le mal se brouille, se dissout dans le brouillard de la guerre. Un homme ordinaire plongé dans l’extraordinaire, confronté à l’horreur et à la beauté de l’humanité dans sa forme la plus brute. Je vois la cruauté et la compassion, la haine et l’amour, la destruction et la création, coexistant dans un ballet macabre. Si le soldat est une machine de guerre, il est aussi un être humain avec un cœur qui bat, une âme qui pleure et un esprit qui questionne.

Le soldat est un fragment de l’histoire

Il est un rouage dans la grande mécanique de la guerre. Il laisse sa trace dans le sang et dans les larmes, dans les cris et dans le silence, le soldat est avant tout un homme qui veut vivre, préférant tuer qu’être tué. Il se bat pour une cause, pour un idéal, pour un monde meilleur peut-être, mais il sait que le prix est élevé, effroyablement élevé. Un paradoxe mortel, un homme tiraillé entre deux destins, entre la vie et la mort. Il vit et il meurt, il aime et il haït, il crée et il détruit, dans un tourbillon de contradictions qui le consume et le définit.

La vie est le bien le plus précieux de tout homme fût-il soldat. Si sa carapace corporelle le protège, l’ennemi peut facilement la détruire laissant s’écouler son sang et sa vie si précieuse s’en échapper. Cette réflexion me donne à réfléchir sur ma propre personne, je suis bien conscient que je ne suis qu’un mortel, mais il y a la raison et la manière de mourir. J’éprouve une immense gratitude de n’avoir jamais eu à subir les atrocités de la guerre, de n’avoir jamais été soldat et d’avoir ainsi pu préserver mon intégrité physique.

Cela étant dans certains circonstances, mourir au combat peut être rendu nécessaire, c’est une mort honorable pour protéger ses proches, et un acte légitime de la part de l’ennemi dans les affres de la guerre. Mais lorsque le soldat tombe tué sous le feu ennemi, c’est l’homme derrière le soldat qui en subit les conséquences tragiques. Derrière l’uniforme, le casque et les armes, se cache un être humain avec ses rêves, ses peurs et ses aspirations. Un fils, un père, un frère, un ami, un amoureux arraché à ses proches, à sa vie, une vie brisée, un avenir envolé, une famille endeuillée.

La mort du soldat n’est pas seulement une perte pour l’armée, c’est une tragédie humaine. C’est la disparition d’un individu unique, irremplaçable, dont la vie avait une valeur inestimable. Elle nous rappelle la fragilité de la vie et la nécessité de profiter des instants de paix.

En réalisant ma généalogie, je suis régulièrement en lien avec des individus reliés à mon arbre qui sont morts dans une guerre, la plupart du temps tué à l’ennemi. Chacun de ses hommes a donné son bien le plus précieux, sa vie, pour sa patrie et sa famille. Je ne puis qu’être que fier et reconnaissant pour leur sacrifice suprême, ce parfois dans des conditions d’atroces souffrances. Ce qui m’amène à réfléchir à ma petite personne qui est le fruit de cette histoire du monde, mais aussi que dans d’autres circonstances de la vie j’aurais pu être amené à être soldat et à devoir faire la guerre, peut-être en sacrifiant moi aussi ma précieuse petite peau, cette vie qui m’est propre.

Depuis l’aube de l’humanité, la guerre a toujours été présente, marquant l’histoire de son empreinte sanglante.

Si l’homme est capable de compassion, créativité et de résolution pacifique des conflits, de diplomatie, s’il démontre sa capacité à l’empathie, s’il désire plus que tout de vivre en paix, pour lui et sa famille, il n’en demeure pas moins qu’il fait aussi la guerre car il est de nature belliqueuse.

La guerre est souvent associée à des histoires d’héroïsme, de bravoure, l’homme est attiré par l’idée de l’aventure, de l’action et des sensations fortes. Le contexte de la guerre peut offrir des expériences uniques et excitantes, vivre une sensation de liberté et d’échappatoire par rapport aux contraintes de la vie quotidienne, son psychisme étant influencé par l’adrénaline, cette hormone sécrétée par les glandes surrénales qui prépare le corps à réagir rapidement et de manière efficace face à une situation stressante ou dangereuse.

Pour un jeune, s’engager dans une guerre peut aussi être le symbole de passer officiellement dans le monde adulte, de prouver qu’il est devenu un homme prêt à se battre et à risquer sa vie, à tuer l’ennemi. La guerre peut lui permettre de définir son identité et trouver un sens à sa vie. Cela peut être perçu comme un moyen de prouver son courage et de se sentir vivant, mais avec une perception limitée des conséquences réelles de la guerre. Le jeune a un cruel manque d’expérience de vie et de compréhension du monde qui l’entoure, ce qui le conduit à sous-estimer les risques de blessures tant sur le plan physique que psychologique.

La guerre est elle-même souvent associée à des conditions qui exacerbent les émotions et peuvent conduire à des actions impulsives. La peur et le choc émotionnel peuvent affecter la capacité d’un soldat à maintenir un libre arbitre clair et à prendre des décisions réfléchies, mais répondre de manière instinctive et violente qui dépasse les limites éthiques ou légales. De manière plus globale, quel homme n’a jamais souhaité ou imaginé – dans un moment de stress ou colère extrême – la mort d’un autre individu ? Son étique en tant qu’être humain et son libre arbitre lui permettent dans la grande majorité des cas de contenir ses pulsions, mais en tant de guerre un soldat armé et entraîné à tuer, si son libre arbitre n’est pas nécessairement complètement perdu, il peut être sérieusement compromis.

La dynamique de groupe au sein d’une unité combative peut conduire à une déshumanisation des autres individus, le soldat peut se sentir moins responsable de ses actions car il se perd partiellement dans la masse, surtout s’il est commandé par un supérieur hiérarchique qui prend la responsabilité des décisions face à l’ennemi. Cette perte d’identité individuelle peut le conduire à un comportement plus impulsif et agressif, voir dans des cas extrêmes à commettre l’irréparable. Les opinions peuvent devenir plus polarisées et la rhétorique violente en quelque sorte normalisée.

Un homme normalement constitué qui mène une existence calme, paisible et pacifique, qui veut avant tout vivre en paix, ce même homme peut – lorsqu’il vit lui-même une situation extrêmement traumatisante et stressante pour lui ou sa famille -, être amené à commettre un acte violent envers autrui quelle qu’en soit le niveau de gravité et ce, en totale contradiction avec ses valeurs et son étique en tant qu’individu. Tout homme est capable de tuer un autre individu dans un contexte extrême qui dépasse sa capacité à raisonner, à tel point que le législateur a été amené à déposer une loi protégeant – sous d’importantes conditions – l’auteur d’un tel crime dit « irrésistible ».

L’article 71 du code pénal belge prévoit l’irresponsabilité pénale de l’auteur du crime pour cause de trouble mental « N’est pas punissable celui qui, au moment du fait, était atteint d’un trouble mental qui a aboli ou altéré sa capacité de discernement ou de contrôle de ses actes… » Le psychisme de l’être humain est très complexe et démontre sa fragilité psychologique.

Si tel est le cas pour un citoyen lambda, que dire d’un soldat confronté durant des mois à la violence extrême infligée par son ennemi qui met tout en œuvre pour le tuer, qui doit gérer l’acceptation de la mort de ses compagnons d’arme ? Est-il impensable que ce soldat puisse perdre la raison et avoir envers l’ennemi un comportement ne respectant plus son code moral ?

C’est une question très complexe mais l’être humain à ses limites, même entraîné à la guerre un soldat reste avant tout un homme, il a ses émotions et ses peurs. La littérature sur des situations similaires en tant de guerre démontre qu’il n’est pas rare qu’un soldat dès plus respectable puisse en cas de situation extrême avoir des pulsions criminelles et irrésistibles, alors que la situation permet d’éviter l’utilisation de la violence envers l’ennemi.

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Des peintures rupestres aux jeux de guerre, en passant par les récits historiques et les films d’action, la fascination pour la violence se manifeste de multiples façons. Les enfants se battent, les louveteaux jouent à des jeux en faisant des prisonniers, les jeux vidéo sont de plus en plus réalistes et violents. Il y a aussi le Paintball ou mieux encore l’Airsoft, un jeu de guerre ou les participants tirent sur l’adversaire avec des billes en plastique, ce souvent en uniforme militaire et des armes qui sont des répliques parfaites de celles utilisées dans les vrais guerres, ce jeu a de plus en plus d’adeptes.

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Je ne juge pas la pratique d’un jeu de guerre tel que l’Airsoft qui provoque aux joueurs des montées d’adrénaline, mais aussi qui stimule l’esprit d’équipe pour parvenir à vaincre l’adversaire. Lorsqu’il est pratiqué dans un esprit convivial en respectant les règles élémentaires de sécurité, ainsi que les adversaires, les différents scénarios de combats permettent aux participants d’imaginer des actions pour parvenir à gagner le jeu.

Le principal est que les participants puissent s’amuser entre copains et faire de nouvelles rencontres tout en discernant clairement la fiction et la réalité car la vrai guerre est loin d’être un jeu, touché l’homme ne se relève pas.

Je ne mets nullement en question l’engagement volontaire d’un homme dans une guerre qu’il croit juste.

L’homme devenu soldat qui prend les armes et se bat au péril de sa vie pour les siens, c’est tout à son honneur. Tout soldat à le devoir de traquer, combattre et neutraliser l’ennemi c’est le sens même de la guerre. Si l’ennemi est armé et qu’il ne capitule pas, il doit le tuer même s’il ne représente pas un danger immédiat. Malgré l’horreur que cela représente, c’est un acte légitime et indispensable à l’effort de guerre.

Chaque soldat réagit à sa manière face à la mort et au fait de devoir tuer d’autres hommes. Pour ceux qui frappent de loin, artilleurs et pilotes de bombardiers, la mort est un concept abstrait. Leurs bombes pleuvent sur un ennemi invisible, réduisant des vies à de simples statistiques. La distance anesthésie l’horreur, rendant la tuerie psychologiquement plus supportable que le face-à-face sanglant du fantassin.

Ce dernier, lui, est dans le vif du sujet. L’ennemi est là, tangible, humain. Le tuer implique un choix conscient, un acte direct qui force à confronter la réalité de la mort infligée. La personnalité et l’émotivité de chaque soldat entrent alors en jeu. Certains hésitent, tiraillés par des doutes moraux ou la peur de tuer. D’autres, entraînés à l’obéissance et à l’efficacité, abattent froidement leur cible, la guerre justifiant leurs actes. Pour ces derniers, tuer devient un devoir, une mécanique dénuée d’émotions.

Acculé par un adversaire redoutable, l’homme se retrouve pris sous le feu ennemi. Son instinct de survie le pousse à agir avec une rapidité foudroyante. Il choisit sa cible avec précision et détermination, concentré uniquement sur l’élimination de l’homme face à lui, sa seule chance de survie. Sous l’effet d’une poussée d’adrénaline, ses sens s’aiguisent, sa force décuple. La guerre pousse l’homme à des actes qu’il n’aurait jamais imaginés possibles. La ligne entre la vie et la mort s’estompe, et il tue pour survivre. Le combattant aguerri se pose généralement moins de question, parfois même y prend goût. La guerre transforme les hommes, les poussant à des limites qu’ils ne pensaient jamais pouvoir franchir.

Chaque homme peut être confronté bien malgré lui à une guerre

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La Belgique, se trouve à la croisée de chemins stratégiques majeurs. Sa position géographique, couplée à la présence d’institutions européennes et de l’OTAN à Bruxelles, en fait un territoire particulièrement sensible aux risques d’une guerre, quelle que soit sa forme. Elle borde la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg, des pays qui ont tous joué des rôles importants dans les conflits européens passés. Sa situation côtière sur la mer du Nord lui confère également une importance stratégique pour le contrôle des voies maritimes.

Bruxelles abrite le siège de l’Union européenne et de l’OTAN, deux organisations internationales majeures qui jouent un rôle crucial dans la sécurité et la stabilité de l’Europe. Une attaque contre ces institutions constituerait un symbole fort et aurait des conséquences géopolitiques majeures.

La Belgique n’a pas été impliquée dans une guerre majeure depuis la Seconde Guerre mondiale. Cependant, les tensions géopolitiques croissantes dans le monde, notamment l’agressivité croissante de la Russie, font peser un risque accru de conflits interétatiques. La Belgique, en raison de sa position géographique et de la présence d’institutions internationales, pourrait se retrouver prise entre les feux de puissances rivales.

La cyberguerre est une menace croissante pour tous les pays, et la Belgique n’est pas épargnée. Une attaque cybernétique majeure contre les institutions européennes ou l’OTAN pourrait avoir un impact dévastateur sur les infrastructures critiques et la stabilité du pays.

La Belgique est un pays multiculturel avec une histoire complexe de divisions linguistiques et politiques, mais aussi religieuses. La montée de l’islamisme dans notre pays et dans de nombreux pays voisins est une source de conflit potentiel en interne, qui pourrait nous mener à une guerre civile. Ces divisions pourraient être exploitées par des acteurs malveillants pour déclencher des conflits internes, fragilisant ainsi le pays et le rendant plus vulnérable aux attaques extérieures.

Bien que politiquement nous soyons au centre de l’Europe avec les instances Européennes et l’OTAN, vu notre géolocalisation la Belgique risque bien moins une attaque militaire traditionnelle que d’autres pays plus à l’Est de l’Europe, mais d’autres facteurs peuvent nous mettre potentiellement en danger. Le spectre d’une troisième guerre mondiale à l’ère de la mondialisation et de l’interdépendance aurait pour conséquence un conflit globalisé qui serait dévastateur, tant au niveau humain qu’économique.

La présence des institutions européennes et de l’OTAN à Bruxelles offre à la Belgique un certain degré de protection contre les agressions extérieures. Ces institutions ont la capacité de mobiliser une réponse militaire collective et de fournir une aide humanitaire en cas de crise. La défense de la Belgique contre les menaces extérieures repose sur une approche collective impliquant l’ensemble des pays européens et de l’OTAN. Il est essentiel de renforcer la coopération militaire et de partager les renseignements afin de dissuader les agressions et de protéger efficacement le pays.

Mais la Belgique, en raison de sa position géographique stratégique et de la présence d’institutions internationales sur son territoire, n’est pas à l’abri des risques de guerre. Il est essentiel de rester vigilant face aux menaces émergentes et de prendre des mesures préventives pour protéger le pays et l’Europe dans son ensemble.

Dérèglement climatique et déplacement des populations

Un autre danger qui nous menace à terme, le dérèglement climatique avec des sécheresses et inondations rendant les terres agricoles impropres à la culture et provoquant des pénuries d’eau potable, forçant les populations à quitter leurs pays, des centaines de millions de personnes cherchant refuge dans des contrées habitables. Ce déplacement massif, combiné à la famine et aux maladies provoquera des guerres, l’Europe en sera la première victime.

Le constat sera sans appel, il nous faudra nous défendre face à cet afflux migratoire de masse, pour l’empêcher par tous les moyens, à défaut de quoi nous mourrons tous. Ce sera grand le paradoxe de notre philosophie de terre d’accueil, nous devrons faire en sorte qu’aucun migrant ne puisse atteindre notre continent utilisant toute la force militaire nécessaire pour y arriver, c’est une question de survie, de légitime défense face à une invasion migratoire et notre mort certaine.

Ces migrants n’auront d’autres choix de survie que de tenter de nous envahir, comment pourrais-je les condamner nous ferions de même. Tout en comprenant la raison, nous ne pouvons imaginer accepter de sacrifier nos vies, nos familles, nos peuples pour laisser les migrants nous remplacer. Il nous faudra utiliser la force nécessaire quelqu’en soit le prix humain à payer pour nous sauver. C’est une perspective horrible mais que ce soit dans 50 ans, 100 ans ou plus, un bouleversement mondial irreversible est inévitable avec des conséquences économiques et humaines catastrophiques.

Pour en revenir au sujet principal de ma réflexion

L’homme est belliqueux de nature c’est un fait indéniable, même s’il préfère la paix à la guerre.
Certaines analyses s’appuient sur l’instinct animal pour expliquer la nature belliqueuse de l’homme, la violence et la guerre seraient des moyens de survie et de domination dans le règne animal, transmis à l’homme par son évolution. D’autres soulignent l’existence de structures cérébrales spécifiques associées à l’agressivité et à la violence, suggérant une prédisposition biologique au combat, à la guerre.

Quelque soit l’explication, l’attraction de l’homme pour l’action et l’adrénaline sécrétée naturellement en réponse au stress le retranche dans une vision belliqueuse, essentiellement lorsqu’il est lui-même touché par un événement émotionnel ou un contexte extrême.

Chaque homme peut être confronté bien malgré lui à une guerre, à un conflit armé ou d’ordre terroriste et en être victime.

La Belgique – comme de nombreux pays à travers le monde – a connu une série d’attentats terroristes :

  • 2014 : Bruxelles, le musée Juif est visé, bilan 4 morts
  • 2016 : Bruxelles et Zaventem, 35 personnes tuées et 340 blessées
  • 2017 : Bruxelles, deux militaires sont blessés suite à une attaque au couteau
  • 2018 : Liège, trois personnes sont tuées dont deux membres des forces de l’ordre dans une fusillade.
  • 2023 : Bruxelles, deux supporters suédois sont tués et un troisième grièvement blessé lors d’une fusillade en marge d’un match

En France, l’attaque la plus marquante est le Bataclan avec 131 personnes tuées et 413 blessées dont 99 grièvement.
Le 22 mars 2024, la salle de concert du City Crocus Hall de Moscou est visée faisant 145 tués et 551 blessés.

Tous ces faits sont l’œuvre du groupe terroriste Daech, État islamique.

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Légende photo : Quelques instants après que les bombes n’explosent à l’aéroport de Zaventem tuant 18 personnes

Le 24 février 2022, la Russie envahi l’Ukraine bombardant des zones civiles, c’est tout un pays qui subit le feu de l’ennemi.

L’armée s’organise, les jeunes s’engagent en masse pour combattre l’envahisseur, deux ans plus tard environs 120.000 soldats Russes sont tués et 180.000 blessés pour 70.000 Ukrainiens tués et 130.000 blessés (source New York Times). Autre chiffre interpellant, près de 10 000 civils Ukrainiens ont trouvé la mort lors des bombardements.

De manière crue ces chiffres sont à relativiser, qu’est-ce que près de 200 000 hommes tués sur deux ans par rapport aux 26 millions de morts soviétiques de la Deuxième Guerre mondiale ? Ce qui importe dans ma réflexion ce n’est pas le chiffre du nombre de tués – pour chacun d’entre eux il y a un homme mort et une famille brisée -, c’est le fait que personne sur cette terre, homme, femme ou enfant n’est à l’abri d’être victime d’un conflit quel qu’en soit le type ou l’importance.

Autre exemple interpellant, l’attaque du groupe terroriste Hamas contre Israël du 7 octobre 2023 faisant environ 1 200 morts dont 800 civils et 240 personnes prises en otage dont certains seront abattus, et les nombreuses victimes civiles Palestiniennes suite à la réaction défensive du Tsahal pour éliminer les membres du Hamas, à nouveau des milliers de personnes victimes d’une guerre provoquée par un groupe terroriste.

Tant qu’il y aura des hommes, il y aura des guerres, il y aura des crimes !

La violence semble inhérente à l’humanité, une plaie qui traverse les âges et ensanglante l’histoire. Depuis la nuit des temps, les hommes se sont entre-tués, se livrant à des guerres et commettant des atrocités. Face à ce constat amer, les vœux pieux de paix dans le monde sonnent creux, comme une ironie cruelle face à la réalité.

Comment nier l’instinct belliqueux qui habite l’homme ? Comment ignorer les innombrables conflits qui ont jalonné notre passé ? L’espoir d’un monde pacifique est illusoire, la nature humaine n’évoluera jamais, l’homme est et restera un guerrier. Quand j’entends des vœux de bonne année souhaitant la paix dans le monde, n’est-ce pas risible, comment ignorer à ce point l’histoire de l’humanité ?

La violence, sous ses formes les plus barbares, semble traverser les siècles, se manifestant à la fois dans la fureur des guerres modernes et dans les spectacles sanglants du passé.

Des combattants bangladais s’acharnent sur un collaborateur pakistanais, le tuant à coups de baïonnette sous les yeux d’une foule avide de sang.

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Un écho funeste des gladiateurs romains, ces combattants d’antan dont les mises à mort servaient de divertissement à une foule en liesse. Le pouce tourné vers le bas, le public romain signifiait son désir de voir l’homme vaincu mourir, influençant ainsi la décision de l’empereur.

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La baïonnette remplace le glaive, mais la soif de violence et le spectacle de la mort demeurent, illustrant la part sombre et intemporelle de l’humanité. Des peintures rupestres aux jeux de guerre, en passant par les récits historiques et les films d’action, la fascination pour la violence se manifeste de multiples façons.

L’évolution de l’être humain est un leurre. En son for intérieur, il n’est capable de vivre en société que dans un contexte favorable. Des lois sont créées pour lui donner un cadre et lui dicter ses actions. Sans ces balises, l’homme perd ses repères et les notions du bien et du mal, sa capacité à se contrôler sont mises à rude épreuve et bien souvent il sombre dans l’anarchie.

Dès l’aube de l’humanité, la guerre a toujours été présente, marquant l’histoire de son empreinte sanglante. Le psychisme de l’être humain est très complexe et démontre sa fragilité dans des situations extrêmes. Tout homme est capable de tuer dans un contexte qui dépasse sa capacité à raisonner, la guerre ouvre la chasse à l’homme, l’interdit est levé.

Satisfaction ou plaisir à tuer ?

Plonger dans les méandres de la psychologie du soldat en temps de guerre nous confronte à des réalités complexes et souvent dérangeantes. Parmi les aspects les plus troublants figure la question de la déshumanisation et de la prise de plaisir face à la violence meurtrière. En temps de guerre, la violence atteint des sommets d’intensité, déchaînant des instincts primaires et révélant des aspects sombres de la nature humaine. Parmi les comportements les plus troublants figure l’affirmation par certains soldats d’un plaisir à tuer d’autres hommes.

Ce phénomène s’enracine dans un ensemble complexe de facteurs psychologiques et contextuels. L’entraînement militaire joue un rôle crucial, désensibilisant les soldats à la violence et déshumanisant l’ennemi. Le stress et les traumatismes du combat peuvent altérer le jugement et brouiller les repères moraux. La cohésion du groupe et le désir de se conformer aux normes peuvent pousser à adopter des comportements violents, même répugnants.

L’emprise du contexte : Un terreau fertile pour la violence

Il est crucial de replacer ces comportements dans le contexte brutal et déshumanisant de la guerre. La peur, la rage, le sentiment d’impuissance et le besoin de survie peuvent mener à des actes extrêmes, même chez des individus qui, en temps de paix, n’auraient jamais commis de tels actes. L’homme qui a la chance de ne jamais avoir du affronter l’horreur d’une guerre, ne peut affirmer comment il se serait comporté face à l’ennemi dans une situation extrême.

C’est certes terriblement effrayant de se poser la question pour soi-même, comment imaginer que l’être que je suis pourrait être amené à avoir plaisir à enlever la vie à un homme, ce qui en total contradiction avec mon éthique et ma vision de la vie. Dans une guerre, il est certes légitime d’être amené à devoir tuer son adversaire, mais l’idée d’y prendre du plaisir me révulse, cela étant je ne puis intellectuellement affirmer qu’en aucun cas je n’aurais plongé dans cette déshumanisation de l’ennemi, la guerre bouleverse le mental des hommes qui la font, elle détruit leur psychisme.

Reflexions-philosophiques-toutes-personnelles-sur-les-hommes-et-les-guerres-3-1 Réflexions philosophiques toutes personnelles sur les hommes et les guerres (Essai)
Vietnam, ce soldat Américain est tué, son camarade le pleure..

La perte de camarades au combat est une expérience traumatisante qui plonge le soldat dans un profond chagrin et une rage intense. Cette colère, dirigée contre l’ennemi, peut devenir un moteur puissant, poussant le soldat à combattre avec une détermination féroce avec l’envie de tuer. La vengeance, souvent alimentée par la colère, peut devenir une obsession pour le soldat. Il cherche à infliger à l’ennemi la même douleur qu’il a ressentie pour rendre justice à ses camarades tombés sous le feu ennemi. Cette colère bien compréhensible peut mener à des comportements destructeurs. Le soldat risque de perdre son sens du discernement et de commettre des actes de violence insensés, bafouant les règles de la guerre et compromettant sa propre sécurité.

Il faut mettre en lumière que le combat provoque une montée d’adrénaline qui peut altérer le jugement et brouiller les repères moraux. L’ennemi est souvent dépersonnalisé, perçu comme une menace abstraite plutôt qu’un être humain. Les soldats ne sont ni des saints ni des monstres, ils sont des individus soumis à des pressions extrêmes, qui peuvent réagir de manière inattendue et parfois contradictoire.

Extrait de « Vivement la guerre qu’on se tue ! », Evelyne Desbois, Terrain, n°19, Sur la ligne de feu en 14-18.

La déclaration de guerre ouvre la chasse à l’homme, l’interdit est levé ; les hommes, non seulement peuvent, mais doivent tuer.

Pour certains, la guerre devient une affaire personnelle où l’ennemi n’est plus un être humain mais une cible vivante. Un jeune soldat belge, engagé le 7 août 1914, à l’âge de 17 ans, ne cèderait à personne sa place au combat, à l’assaut de Ramscapelle, dans les Flandres, fin octobre 1914 : 
« Mon commandant a été tué, nous avons un nouveau capitaine ; […] son ordonnance a été décorée de la médaille de l’ordre de Léopold II, alors que c’est moi qui suis allé en reconnaissance, mais je me moque des médailles, je n’ai qu’un plaisir, c’est quand j’aperçois un boche, je le vise bien et je ne le rate pas souvent.»
Dans ces cas-là, il n’y a plus identification à l’autre, mais le plaisir à le tuer…

Suite de l’extrait :
Certains éprouvent à tuer une satisfaction qu’ils jugent légitime puisqu’ils l’écrivent et en autorisent la publication. Il ne s’agit pas pour autant de criminels de guerre, lesquels sont accusés de ne pas avoir respecté les « lois de la guerre », non, ceux-là ont strictement rempli le rôle qui leur était imparti, mais cette aisance à tuer désarçonne le lecteur du temps de paix. Un officier de chasseurs alpins, commandant une section de mitrailleuses, décrit, (…) l’ambiance qui régnait sur le champ de bataille, lors du déclenchement de l’attaque, au combat de Vassincourt, le 8 septembre 1914 :

« Arrivés […] jusqu’à un fossé, brusquement je donne l’ordre d’ouvrir le feu, et la fusillade réconfortante – celle qui émane de notre ligne – apporte, comme toujours, parmi les hommes, l’entrain et la gaieté. […] Mes hommes s’excitent et accompagnent leur tir de réflexions et de cris de joie. [Des groupes de soldats ennemis prennent la fuite] Nous profitons pour tirer sans relâche sur ces groupes d’Allemands. A chaque fois que l’un d’entre eux dessine son mouvement, la mitrailleuse se met en branle. Et c’est un plaisir que de voir les ennemis tomber, s’affaisser sur le sol en esquissant les gestes de la souffrance, du râle ou de la mort. Vraiment, cela réchauffe le cœur »

Cet officier ne dédaignait pas « mettre lui-même la main à la pâte » dans des circonstances assez éloignées de la légitime défense. « Il est certain poteau télégraphique où, régulièrement, tous les officiers Allemands venaient se coller pour inspecter notre position et chercher un abri. Bienheureux poteau d’exécution ! Je l’avais désigné à l’un de mes hommes, nommé Chambon, qui avait l’œil et ne ratait jamais son coup. Du reste pour atteindre plus sûrement l’ennemi, j’avais soin de viser le même Allemand que mon brave chasseur. Et c’est ainsi que, pendant plusieurs heures, nous avons réussi, à nous deux, à « descendre » l’un après l’autre, méthodiquement, chacun des officiers Allemands qui s’exposait imprudemment à nos coups »

Extrait du récit d’un jeune soldat Français d’à peine 18 ans blessé lors de la guerre d’Indochine

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Le plaisir de tuer revient régulièrement dans les témoignages de vétérans, en voici un autre exemple :
« Lors de mon séjour qui n’a duré que trois semaines avant d’être blessé par un fragment de grenade, lors d’une patrouille nous sommes pris à parti par l’ennemi, un homme tombe à mes côtés, grièvement blessé. Nous échangeons des tirs avec les Viets et c’est là que j’ai l’occasion d’en descendre deux. Lorsque vous êtes dans une situation ou votre vie ne tiens qu’à un fil, que vous avez un ennemi qui use et abuse de tout ce qui est en son pouvoir pour vous tuer et ce dans une région des plus hostiles, que vous avez à vos côtés un ami qui pisse le sang et crie de douleur après avoir reçu une balle dans le bide et que vous savez qu’il va probablement mourir, vous n’avez aucune pitié pour les types face à vous ! Tout ce que vous souhaitez, c’est les foutre en l’air.

Lorsque j’ai eu l’occasion de tirer sur mon premier Viet, le voyant tomber j’ai poussé un cri de joie de l’avoir eu, je puis assurer que c’était le cas de tous les hommes qui se battaient à mes côtés lorsqu’ils parvenaient à en bousiller un. Le second que j’ai eu dans mon viseur, j’ai regardé brièvement son visage, il était encore plus jeune que moi, mais c’était un féroce guerrier qui n’aurait pas hésité un instant à me liquider. Lorsque sa tête explosa par suite de mon tir mortel, à nouveau la joie m’envahi et immédiatement je cherche une nouvelle cible pour avoir le plaisir d’en tuer un troisième. (…) Quelques jours plus tard, je suis blessé dans une embuscade, j’ai de la chance car trois hommes sont morts. (…) Je n’ai vraiment affronté l’ennemi qu’à deux reprises, la plupart du temps il était invisible, vicieux, il faut reconnaître qu’il était sacrément bon guerrier, bien mieux entraîné que nous et il était sur son territoire, tous nous savions que cette guerre était perdue d’avance, comment les Américains ont-ils pu s’engouffrer dans ce merdier ? »

Les extraits de ces récits de guerre mettent en lumière un aspect troublant de la psychologie humaine en temps de guerre : la joie ressentie par le soldat face à la mort de l’ennemi. A mon sens, ce plaisir de tuer l’ennemi ne signifie pas qu’il est cruel ou sadique, mais c’est une réaction instinctive de survie, un moyen de gérer le stress et l’horreur de la guerre.

Cette photographie prise le 28 février 1945 illustre très bien le propos.
Le caporal Américain William Kamp – après un rude combat – regarde tout sourire un nazi qu’il a abattu près de la ville de Frauwüllesheim en Allemagne. Notre caporal est debout et bien vivant alors que son ennemi est affalé à terre, mort à ses pieds. Certes il est heureux que ce soldat ennemi soit mort, mais les faits se déroulent dans un contexte de guerre, son ressenti est compréhensible. Ce soldat Allemand est tué par suite d’un acte légitime de guerre. Est-ce choquant, je ne le pense pas, j’y vois que la réaction d’un homme heureux d’être en vie. Par ailleurs, même s’il est « satisfait » de la mort de son ennemi, rien n’indique qu’il a pris « plaisir » à tuer cet homme.

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Pour rester dans le même registre, un soldat Ukrainien souriant le pousse levé après avoir abattu ce soldat Russe.
Après l’invasion de son pays, sa réaction face à la mort de cet homme est somme toute logique et bien compréhensible, est-il anormal que le psychisme de ce soldat Ukrainien le rend heureux de sa victoire, son ennemi mort à ses pieds ? C’est la guerre ! Même si l’homme tué n’est pas directement responsable de l’invasion, s’il est l’instrument de guerre des dirigeants, il n’en demeure pas moins qu’il avait pour ordre de se battre et neutraliser l’adversaire. Ce soldat Russe mort ne représente plus un danger pour les soldats Ukrainiens, mais bien au contraire il devient le symbole d’une victoire Ukrainienne sur l’envahisseur Russe.

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Tant que l’ennemi est abattu en respectant les lois de la guerre, qu’aucun crime de guerre n’est commis, comment puis-je juger ce qu’éprouve le soldat amené à abattre l’adversaire, moi qui ai eu la grande chance de n’avoir jamais eu à devoir me battre et connaître l’enfer d’une guerre. Chaque homme réagit à sa manière face à la mort de l’ennemi. Ce qui importe vraiment est que le soldat remplisse son devoir, qu’il participe à l’effort de guerre tout en respectant les codes, qu’en aucun cas il ne soit responsable d’un crime de guerre. Ce n’est pas salir la mémoire des combattants que de rappeler que la guerre, c’est tuer ou être tué.

Un dernier exemple ou je ne puis que comprendre la satisfaction qu’éprouve ces hommes.

Sur cette photographie, nous y voyons des membres de la résistance, entre autres un homme souriant tenant dans ses mains une photo déchirée au milieu du visage de Hitler, ce au dessus du cadavre de ce soldat Allemand gisant à leurs pieds que l’un d’eux a réussi à tuer lors d’un ultime affrontement. La mort de cet homme représente à elle seule la libération nazie du pays, de l’Europe, la fin de la guerre.

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Satisfaction ou plaisir à tuer ?

Je suis persuadé que le soldat peut avoir un sentiment de satisfaction après avoir réussi à abattre l’ennemi, d’avoir gagné et de pouvoir se dire « il est mort, je suis vivant » et esquisser un sourire le regardant. Non pas par plaisir de lui avoir ôté la vie, mais d’être lui-même en vie. Je n’y vois pas un manque de respect vis-à-vis de l’ennemi, mais bien au contraire une réaction très humaine, car pour tout soldat sa plus grande crainte est d’être abattu, mieux vaut l’ennemi mort que lui, en ce sens il peut ressentir une forme de contentement à la vue du cadavre ennemi, sans pour autant y éprouver du plaisir.

La question à se poser : Où se situe la frontière entre satisfaction d’avoir vaincu l’ennemi et le plaisir de l’avoir tué, ne pourrait-il pas selon les situations y avoir un mélange entre les deux ?
La question reste ouverte…

Comment atténuer la cruauté de la guerre et la rendre plus humaine ?

L’alternative à la mort… le prisonnier de guerre.

Si, dans le feu de l’action, capturer un ennemi vivant s’avère souvent difficile, il arrive que des soldats aient la possibilité de ne pas abattre leur adversaire et de le faire prisonnier. En effet, même au cœur de la brutalité d’une guerre, propice aux violences extrêmes envers l’ennemi, un choix d’humanité demeure possible : celui de maintenir l’ennemi en vie, même s’il n’en a pas l’obligation.

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Raison militaire : capturer un ennemi vivant peut s’avérer une source précieuse de renseignements.
Obtenir des informations sur les plans, les mouvements et les forces de l’adversaire peut jouer un rôle crucial dans le déroulement du conflit et sauver des vies. Mais le soldat – malgré la brutalité de la guerre – se doit de garder en mémoire que derrière chaque combattant se cache un être humain, avec ses propres espoirs, ses peurs et son désir de vivre.

Le soldat, même en situation de guerre, doit s’efforcer de faire preuve de compassion et de discernement moral. Il doit se rappeler que son ennemi, tout comme lui, aspire à la paix et à retrouver sa famille. Il ne peut interroger l’ennemi capturé qu’en respectant les codes et la déontologie militaire respectant ainsi son intégrité physique.

Raison humanitaire : capturer un ennemi et lui laisser la vie sauve est un acte noble qui reflète l’aspect humain de la guerre.
Cependant, capturer un ennemi ne doit pas se faire à la légère, il est essentiel que les soldats restent vigilants et prennent toutes les précautions nécessaires pour assurer leur propre sécurité. Un combattant capturé, même s’il ne souhaite pas mourir, peut tenter de s’échapper ou de se rebeller, mettant ainsi potentiellement en danger la vie du soldat qui l’a capturé. Dans tel cas il n’est plus à considérer comme un prisonnier, mais bien comme un combattant. Selon le degré de danger, l’usage de la force est autorisée pour ce protéger de l’ennemi, dans les cas les plus extrêmes ou la vie du soldat est un danger, il a le droit d’abattre le prisonnier devenu combattant. Les soldats sont formés et équipés pour gérer ces situations avec prudence et discernement, en veillant à la fois à leur propre sécurité et à l’application des principes du droit des prisonniers de guerre.

La capture, l’alternative à la mort

Au cœur de la violence et de la déshumanisation de la guerre ou des hommes sont amenés à devoir s’entre-tuer, la possibilité de capturer plutôt que de tuer un ennemi offre une lueur d’espoir. Cette alternative rappelle que même dans les pires circonstances, la vie humaine a de la valeur. En choisissant de capturer un ennemi, un soldat reconnaît que derrière l’uniforme et les armes se trouve un autre être humain, tout comme lui, animé du désir de vivre. Même si la guerre peut sembler rendre la vie sans valeur, la décision de capturer un ennemi plutôt que de le tuer réaffirme l’importance de la vie humaine. Elle rappelle que chaque vie est précieuse et mérite d’être protégée.

Dans les profondeurs de la guerre, la possibilité de capturer un ennemi offre un espoir de compassion et de vie.

Elle sert de rappel que même dans les moments les plus sombres, l’espoir et la possibilité de paix peuvent exister. Le soldat qui est en situation périlleuse face à un ennemi plus puissant à potentiellement la possibilité de se rendre et de de rester en vie, ce qui lui procure un souffle d’espoir de survie à un combat qui semble perdu, si son ennemi lui laisse cette chance de vivre en respectant des lois de la guerre.

Ma conclusion :

Un soldat ennemi armé, même s’il ne représente pas une menace immédiate (par exemple, s’il est à découvert, dans le viseur, mais ne tire pas ou ne vise personne à cet instant), reste un objectif militaire légitime tant qu’il n’a pas manifesté son intention de se rendre ou n’est pas hors de combat. Le DIH (Droit International Humanitaire) n’interdit donc pas de tirer sur un soldat ennemi armé simplement parce qu’il ne constitue pas une menace immédiate, tant qu’il n’est pas hors de combat, la loi ne pose pas une obligation absolue de capturer un ennemi vivant plutôt que de le tuer, même si la capture est possible, ça reste à la libre appréciation du soldat.

Cela étant pour des raisons élémentaires d’humanité envers l’ennemi, le DIH encourage la capture plutôt que la mise à mort lorsque cela est possible et raisonnable, mais laisse une marge d’appréciation selon le contexte opérationnel et le principe de nécessité.

L’option de capturer un ennemi vivant représente l’acte le plus humain qu’un homme puisse accomplir dans une guerre. Bien que née du contexte brutal de la guerre, cela représente un paradoxe positif qui met en lumière la vie, la compassion et l’espoir. C’est un choix conscient de rejeter la barbarie et d’affirmer la valeur d’une vie fit-elle ennemie et elle donne l’espoir de vie au soldat vaincu. C’est la plus belle chose que l’on puisse découvrir dans les affres de la guerre, le respect de la vie.

Les prisonniers de guerre : La capture plutôt que la mort

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Bien qu’il soit déshonorant pour un soldat d’être fait prisonnier ou de devoir capituler, la très grande majorité des hommes préfère tout logiquement la capture à la mort. L’instant de la capture est un moment psychologiquement stressant et intense pour le soldat. Il est terrifié de se trouver sans défense face à l’ennemi qui a sa vie entre ses mains, il ignore ce qu’il va devenir, surtout si l’ennemi respectera les lois de la guerre interdisant de tuer un soldat désarmé, blessé, ou prisonnier.

Cela étant entre armées régulières, le taux de mortalité parmi les prisonniers est bien moindre que parmi les combattants. Malgré la frustration bien compréhensible d’un soldat capturé, il a bien plus de chance de finir la guerre en vie et d’un jour retrouver son foyer, de poursuivre sa vie d’homme après guerre que n’importe quel combattant au contact avec l’ennemi.

Si les hommes préfèrent la capture à la mort, paradoxalement ces mêmes hommes préfèrent se battre qu’être capturé. Le prisonnier est un soldat qui n’a pas d’utilité, c’est comme s’il était mort mais avec une perspective de vie. Le prisonnier est bien souvent pris par un sentiment de frustration de se sentir inutile, vaincu par l’ennemi. Le soldat est un guerrier qui veut tout entreprendre pour que son pays gagne la guerre, pour y arriver il doit se battre contre son ennemi, mais la capitulation doit toutefois rester une alternative pour tout soldat si c’est son seul moyen d’éviter une mort certaine.

Il arrive que des soldats désertent par insoumission se rendant délibérément à l’ennemi dès le début de la guerre ou se rendent en cours des hostilités alors la situation leur permet de continuer le combat. L’instinct de survie de l’homme est bien compréhensible, aucun soldat n’a envie de tomber sous les balles ennemies. Mais cet acte s’apparente selon moi à de la lâcheté. Prisonnier de guerre, il est remplacé au front par un autre homme qui peut-être sera tué à sa place, il en est moralement responsable, il a du sang ami sur ses mains. La guerre est moche, cruelle et personne n’a envie de mourir, mais il le devoir de tout homme de se battre contre l’ennemi quel qu’en soit le prix à payer pour sa personne, même la mort. Il ne peut capituler que si toutes les autres options sont épuisées.

Tout prisonnier doit bénéficier des clauses de la Convention de Genève, il a droit à la vie, à son intégrité physique et morale, il doit être protégé contre les mauvais traitements, les actes de violence et d’intimidation. Si entre armées régulières dans la plupart des cas le prisonnier de guerre est bien traité, il arrive malheureusement qu’il subisse des actes de violence, de torture, voir qu’il soit abattu. Ça constitue un crime de guerre qui hélas est commis dans toutes les conflits quelque soit le belligérant, certains hommes sont cruels et dépourvus de tout scrupule, de respect pour la vie.

Un officier soviétique exécute des prisonniers polonais après les avoir fait se déshabiller.
Cet homme commet sciemment un crime de guerre qui plus est en déshonorant les prisonniers presque nus.

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La guerre fait ressortir les monstres qui sommeillent chez certains individus, cet homme est un criminel de guerre.

Pour en terminer avec mes réflexions philosophiques toutes personnelles sur les hommes et les guerres

Ces réflexions s’achèvent sur une note d’humilité.

Loin des champs de bataille, je ne peux qu’imaginer l’épreuve que représente la guerre. J’ai tenté de m’approcher de l’expérience des combattants, comme un explorateur aux confins d’un monde inconnu. J’ai cherché à appréhender leurs états d’âme, à travers les récits de ma famille et les témoignages historiques, tout en étant conscient que cette compréhension reste partielle et subjective.

La guerre est un territoire que je n’ai jamais foulé. Je mesure la chance qu’est mienne de ne jamais avoir dû affronter les affres de la guerre, de ne jamais avoir été dans la peau d’un soldat au cœur de la plus terrible épreuve de sa vie. J’ai tenté d’analyser mon ressenti face aux destins de ces hommes qui doivent combattre l’ennemi tout en risquant à chaque instant leurs propres vies. Cette introspection m’a permis de mieux comprendre les enjeux psychologiques de la guerre et de porter un regard nuancé sur l’état psychologique des hommes qui la font.

Je tiens à rendre hommage avec une profonde gratitude aux membres de ma famille qui ont courageusement choisi de défendre notre pays en prenant les armes. Leur sacrifice, parfois ultime, dans cette lutte contre l’occupation, est un exemple de patriotisme dont je me dois me souvenir et qui mérite toute ma reconnaissance.

Photographie idyllique bien éloignée des affres de la guerre,
mais que ça ne nous empêche pas de rêver à la bonté et la paix, à l’amour entre les êtres humains…
Photographie générée par l’IA, faut-il à l’homme une intelligence artificielle pour comprendre la beauté de la vie ?

Reflexions-philosophiques-toutes-personnelles-sur-les-hommes-et-les-guerre-3-1024x1024 Réflexions philosophiques toutes personnelles sur les hommes et les guerres (Essai)

Fin de l’essai
© Alain Schenkels

1 commentaire

comments user
Pavel Obrastov

Waouh quel beau texte cet essai.
Je l’ai lu rapidement, je vais le revoir à mon aise, mais de ce que j’en ai lu, votre analyse est complexe et prend vraiment tous les aspects en compte, sans aucun jugement de valeur.

Dès demain je relis votre magnifique essai.
Pavel

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