Un soldat du Loyal Edmonton Regiment Canada tire sur une position allemande d’Ortona en décembre 1943
La campagne d’Italie, qui a suivi le débarquement allié en Sicile, a été un théâtre d’opérations particulièrement difficile. Les forces alliées, progressant vers le nord de la péninsule, se sont heurtées à une résistance allemande tenace. Ortona, une petite ville côtière des Abruzzes, a acquis une importance stratégique en raison de sa position sur la ligne Gustav, une série de fortifications allemandes. La prise d’Ortona était donc essentielle pour la progression alliée, quelqu’en soit le prix humain à payer.

En décembre 1943, les troupes canadiennes, notamment le Loyal Edmonton Regiment et le Seaforth Highlanders of Canada dont cet homme fait partie, ont été chargées de s’emparer d’Ortona. Ce qui devait être une opération rapide s’est transformé en une bataille de rue acharnée. Les Allemands se sont retranchés dans les bâtiments et utilisaient des tactiques de guérilla urbaine, ils ont transformé chaque rue, chaque maison en un champ de bataille.
Les Canadiens ont dû avancer lentement, maison par maison, en utilisant des techniques innovantes comme le «mouse-holing» (ils créent des passages à travers les murs des bâtiments pour se déplacer sans s’exposer aux tirs ennemis dans les rues). La violence des combats était telle que la bataille a été surnommée «le petit Stalingrad», les Canadiens ne s’y étaient pas préparés.
Les photographies prises pendant la bataille d’Ortona témoignent de la violence des combats et du courage des soldats canadiens. L’une d’elles, montrant un soldat du Loyal Edmonton Regiment tirant sur une position allemande, est devenue un symbole de la bataille. La photographie « The Mystery of the Christmas Day Photo Revealed » qui est une photographie prise lors du diner de Noel de 1943, a aussi une grande importance pour les canadiens.

Cette bataille qui a duré du 20 au 28 décembre 1943, a été un tournant dans la campagne d’Italie. Elle a démontré la détermination des troupes canadiennes et la férocité des combats. Cependant, elle a également mis en évidence les défis de la guerre urbaine, qui nécessitait des tactiques et des équipements spécifiques.
Elle a laissé une marque indélébile dans l’histoire militaire canadienne et dans la mémoire collective du pays. Les Canadiens ont perdu 1 375 hommes et 964 blessés. Pire, Ortona n’a pas été évacuée avant le début des combats, ce qui a entraîné la mort de plus de 1 300 civils sans compter les blessés. Les Allemands de leur côté malgré la défaite ont subi de moins lourdes pertes, seuls 867 hommes sont tués, blessés ou capturés.

(Photo prise par Alexander M. Stirton.
Avec la permission du Département de la Défence nationale et de Bibliothèque et Archives Canada)
Chaque bataille, chaque petit bout de territoire, se solde par la mort de nombreux hommes. C’est à ce prix qu’on peut gagner la guerre. Bien que chaque perte humaine soit une tragédie individuelle, la victoire finale – pour retrouver la paix – justifie le sacrifice ultime de tous ces soldats.
Par Alain Schenkels
