Lepa Radić, résistante pendue à 17 ans par les nazis

- Née le 19 décembre 1925 à Gašnica, village de Bosnie-Herzégovine
- Exécutée le 8 février 1943 à Bosanska Krupa, Bosnie-Herzégovine à l’âge de 17 ans
- WWII : Résistante, membre armée des partisans yougoslaves
- Civil : –
- Type de mort si précisé : Pendaison
En février 1943, dans un village de Bosnie occupé par l’armée allemande, une jeune fille avance vers une estrade dressée au centre de la place. Elle a le visage marqué par les coups, les mains liées derière le dos, mais elle ne baisse pas les yeux. Autour d’elle, des soldats allemands surveillent, leurs fusils posés. Des habitants du village ont été obligés de venir regarder. Un officier s’approche et lui demande encore une fois de donner des noms. Elle refuse. Quelques instants plus tard, Lepa Radić, qui n’a que 17 ans, est pendue. Mais son courage continue d’inspirer longtemps après sa mort.
Lepa est née en 1925 à Gašnica, un petit village près de Bosanska Gradiška, dans ce qui est aujourd’hui la Bosnie-Herzégovine. Sa famille n’est pas riche, mais elle lui apprend l’importance de l’éducation, de la justice et de la liberté. Quand l’armée allemande envahit la Yougoslavie en avril 1941, Lepa n’a que 16 ans. Au lieu de se laisser paralyser par la peur, elle décide d’agir. Elle rejoint alors les partisans yougoslaves, un groupe de résistants communistes dirigé par Tito. Ce mouvement est l’un des plus importants d’Europe occupée.
Très vite, Lepa ne se contente plus de suivre les ordres. Elle transmet des messages, transporte des armes, aide les blessés et organise la distribution de nourriture. Son courage et sa maturité impressionnent tout le monde. À seulement 15 ans, elle parle et agit déjà comme une adulte responsable. À 16 ans, elle dirige un petit groupe de résistants. À 17 ans, elle se bat dans les montagnes près de Bosanska Krupa. C’est là, au cours d’un combat, qu’elle est capturée par les soldats allemands.
Emmenée dans un poste dirigé par les nazis, elle est interrogée, frappée et torturée. On lui promet la vie sauve si elle dénonce ses amis. On lui dit que ses camarades l’ont abandonnée, qu’elle va mourir pour rien. Mais elle refuse de parler. Même au moment où elle sait qu’elle va mourir, elle reste fidèle à ses idées. Ce n’est pas la haine qui la guide, mais la volonté de défendre ce qui est juste.
Le jour de son exécution, les Nazis veulent faire un exemple. Ils installent une potence sur la place du village et obligent tout le monde à venir regarder. Avant de tirer sur le levier, l’officier lui demande une dernière fois de parler. C’est à ce moment précis que Lepa Radić prononce ses derniers mots : « Je ne suis pas une traître à mon peuple. Ceux que vous cherchez se montreront quand ils auront arrêté tous les criminels. »
Quelques secondes plus tard, le plancher se retire de ses jambes, elle tombe pendue la corde autour de son coup et elle meurt. Mais son visage reste gravé dans la mémoire de ceux qui l’ont vue mourir debout, sans jamais avoir peur.
Après la guerre, la Yougoslavie rend hommage à son courage. Lepa Radić est déclarée Héroïne nationale, devenant la plus jeune à recevoir ce titre. Son nom est inscrit dans les écoles, sur les monuments et dans les livres d’histoire. Ce n’est pas pour glorifier la guerre, mais pour rappeler que le courage n’a pas d’âge et que la liberté peut s’incarner même dans le regard d’une jeune fille de 17 ans.
Lepa n’est pas morte pour devenir célèbre. Elle est morte pour protéger les siens et pour rester fidèle à ce qu’elle croyait juste. Son histoire montre que, même face à la violence et à l’injustice, il est possible de rester debout et d’agir avec courage.

Par Alain Schenkels

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