Le boxeur professionnel Édouard Til, vétéran de la grande guerre, est déporté et assassiné à Auschwitz à l’âge de 55 ans

Le boxeur professionnel Édouard Til était aussi un vétéran de la Grande guerre cité en 1917 pour son « dévouement en soignant, sous un violent bombardement, ses camarades blessés à ses côtés ».

Lors de la seconde guerre mondiale, il est arrêté le 26 juin 1941 pour « distribution illicite de tracts » et déporté vers le camp nazi d’Auschwitz. Il y est assassiné à l’âge de 55 ans. Une rue porte son nom à Vitry-sur-Seine.

Le-boxeur-professionnel-Edouard-Til-veteran-de-la-grande-guerre-est-deporte-et-assassine-a-Auschwitz Le boxeur professionnel Édouard Til, vétéran de la grande guerre, est déporté et assassiné à Auschwitz à l'âge de 55 ans

Lors de la Première Guerre Mondiale, cet homme a fait preuve d’une abnégation extraordinaire, soignant ses camarades blessés alors que tout autour n’était que chaos et danger. Son acte de bravoure, reconnu par une citation, révèle une force intérieure avec cette capacité à dépasser la violence pour se tourner vers les autres.

Mais la brutalité de la Seconde Guerre mondiale l’a rattrapé. Pour avoir eu le courage de résister, en distribuant des tracts, il a été arrêté, arraché à sa vie, puis déporté à Auschwitz. Dans ce lieu où l’horreur dépassait l’entendement, il est assassiné à l’âge de 55 ans.

Aujourd’hui, une rue de Vitry-sur-Seine porte son nom. C’est un hommage à une vie brisée, un symbole de la lutte contre l’injustice et de la mémoire qui perdure.

Le destin d’Édouard Til nous confronte à la vulnérabilité de l’être humain. Comment un homme d’une telle force et d’un tel altruisme a-t-il pu être anéanti par la folie d’un régime totalitaire ? Son histoire nous fait prendre conscience que personne, aussi fort soit-il, n’est à l’abri de la violence, et que la lutte pour la justice et la mémoire est un combat de chaque instant.

Histoire de vie

Édouard est né le 5 décembre 1887 à Paris, il est l’aîné d’une fratrie de huit enfants. Son père, Victor Til est bijoutier et sa mère, Jeanne Magnaudet est ouvrière. Edouard se marie le 2 septembre 1911 à Arcueil avec Désirée Cordier, ils ont trois enfants.

Le soir du mariage, une bagarre éclate ; une femme reçoit des coups de poing et accuse son frère Paul Til d’en être à l’origine. Ce dernier se défend vivement mais est condamné à une peine de 15 jours de prison avec sursis et une amende de 50 francs. Plus tard dans la nuit de noces, son autre frère André Til est blessé par un coup de couteau lors d’une autre altercation et est transporté à l’Hôtel-Dieu.

Sa carrière de boxeur professionnel débute en 1911 à l’âge de 23 ans, dans les catégories des poids mi-lourds et poids lourds. Til travaille en famille avec ses frères, Clément, dit André Til et Paul Til. Son frère Paul Til est déjà un boxeur vedette dans le circuit international.

Édouard Til commence sa carrière professionnelle lors d’un combat contre le boxeur turc Sabri Mahir à l’Élysée-Montmartre le 8 décembre 1911. Son adversaire en est à son cinquième combat et n’a jusqu’alors remporté aucune victoire. Cette première rencontre se solde par un match nul, en revanche la seconde, trois mois plus tard, est remportée par Édouard Til.

Le 13 février 1912 à Paris, Édouard Til affronte à l’occasion de son deuxième combat Camille Coeuille. Il s’est entraîné avec son frère Paul Til et Henri Piet et est en très bonne forme. Édouard Til remporte le combat par Knockout au premier round et enthousiasme les observateurs par sa qualité de frappe.

Après une première année d’activité riche, Til monte moins souvent sur le ring en 1913. Il est d’abord contraint de déclarer forfait pour blessure à l’entraînement dans le cadre d’un match éliminatoire pour le titre de champion de France poids lourds.

C’est à Anvers, le 2 juillet 1914, qu’Édouard Til enregistre sa dernière victoire, il bat Charles Bradley pour la seconde fois. Le 16 août 1914, sa carrière, comme celles de ses frères et d’autres boxeurs, doit s’interrompre pour cause de guerre

Première guerre mondiale

À l’été 1915, Edouard Til se bat au sein de la 32ème compagnie d’artillerie. Son frère André Til est quant à lui grièvement blessé au combat à Brest. Son autre frère Albert Til est quant à lui tué dans les Ardennes le 28 septembre 1918 à l’âge de 20 ans.

Édouard survit à la première guerre mondiale, il reçoit la croix de guerre 1914-1948 avec palme et étoile de bronze.

Entre les deux guerres

Les combats de boxe se raréfient et il ne retrouve pas sa forme ; il raccroche les gants en 1922.

En 1926, deux de ses frères décèdent à quelques mois d’intervalle dans des circonstances mystérieuses :
Ernest meurt le 21 janvier, à 30 ans et Paul meurt le 23 mai, à 34 ans.

Édouard vit à Vitry-sur-Seine, 17 rue du Rû Grand, et y est élu en 1935 en tant qu’adjoint au maire communiste et conseiller général de la Seine Charles Rigaud.

Seconde guerre mondiale

Édouard entre dans la résistance, mais est arrêté le 26 juin 1941 pour distribution illicite de tracts et est déporté le 6 juillet 1942 vers Auschwitz par le Convoi des 45000 au départ du Camp de Royallieu, il est officiellement décédé en décembre 1942.

Il est homologué à titre posthume dans le grade de sergent de la Résistance intérieure française.

Par Gaëtan O’Keefe