Des fantassins de l’armée australienne se reposent en juin 1945 pendant la campagne de Bornéo

La photographie capture un moment de répit pour les fantassins de la 9e division de l’armée australienne, appartenant à la deuxième force impériale australienne (2e FIA), en juin 1945, sur l’île de Labuan, pendant la campagne de Bornéo. Après avoir débarqué leur équipement, ces soldats profitent d’un instant de calme au milieu du chaos de la guerre.

La campagne de Bornéo en 1945 est une série d’opérations militaires menées par les forces alliées, principalement australiennes, qui visait à libérer l’île de Bornéo de l’occupation japonaise. Elle s’inscrit dans la phase finale de la Seconde Guerre mondiale dans le Pacifique.

Située au large de la côte de Bornéo, Labuan avait une importance stratégique en raison de son aérodrome et de son port. Sa capture était cruciale pour les Alliés afin de sécuriser la région et de faciliter les opérations ultérieures. La deuxième force impériale australienne (2e FIA) était une force expéditionnaire de l’armée australienne formée pour servir outre-mer. La 9e division de l’armée australienne – dont ces hommes faisaient partie – a joué un rôle essentiel dans la campagne de Bornéo, participant à des combats intenses pour reprendre le contrôle de l’île.

La photographie témoigne de la réalité de la guerre, montrant la fatigue et l’épuisement des soldats après les opérations de débarquement. Le rôle de ces soldats était crucial, qui étaient en première ligne dans les combats.

Cette photo est un document historique précieux qui permet de rendre hommage au courage et au sacrifice de ces hommes qui ont combattu dans des conditions difficiles, elle nous permet de mieux comprendre les conditions de vie des soldats durant une guerre.

Contexte général

La campagne de Bornéo en 1945 fut la dernière grande opération alliée dans le Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle s’est déroulée entre mai et juillet 1945 et impliquait principalement le 1er corps australien, sous le commandement du général Leslie Morshead. L’objectif était de libérer Bornéo, occupée par les Japonais depuis 1942, de sécuriser ses ressources (notamment le pétrole), de libérer les prisonniers de guerre alliés et d’isoler davantage les forces japonaises en Asie du Sud-Est.

Trois grandes opérations amphibies, appelées « Opérations Oboe », ont marqué la campagne :

  • Oboe One (Tarakan, 1er mai 1945) : Débarquement sur l’île de Tarakan, qui devait être prise en trois semaines, mais la résistance japonaise a prolongé les combats à deux mois.
    => 225 soldats australiens y sont tués, plus de 675 soldats y sont blessés.
  • Oboe Six (Labuan et baie de Brunei, 10 juin 1945) : Les troupes de la 9e division australienne, soutenues par la marine et l’aviation alliées, débarquent à Labuan et sur la côte de Brunei. L’opposition initiale fut faible, mais les combats s’intensifièrent à l’intérieur des terres.
    => 114 soldats australiens y sont tués, 221 soldats y sont blessés
  • Oboe Two (Balikpapan, 1er juillet 1945) : Dernier grand assaut amphibie allié de la guerre, mené par la 7e division australienne. Balikpapan, centre pétrolier stratégique, fut capturé après de violents combats.
    => 229 soldats australiens y sont tués, plus de 620 soldats y sont blessés

Les pertes humaines :

  • Côté Allié : Environs 2 100 hommes sont tués, (568 soldats Australiens et 1500 soldats Alliés).
    Ce nombre de morts est raisonnable eu égard aux forces alliées en présence.
  • Côté Japonais : Environs 6 660 hommes sont tués :
    => 2 032 soldats abattus durant l’opération à Balikpapan
    => 1 234 soldats abattus en North Borneo
    => 1 800 soldats abattus lors d’opérations de guérilla menées par les tribus Dayak et des forces alliées dans l’intérieur de l’île
    => 1 600 soldats abattus à Tarakan, 314 japonais sont fait prisonniers par les soldats australiens

Les forces japonaises étaient souvent retranchées dans des positions difficiles, isolées et coupées de leurs lignes de ravitaillement, ce qui a contribué à des pertes élevées lors des combats et des opérations de guérilla. Il est par ailleurs probable que certains soldats japonais ont préféré le suicide à la capture.

Une importante victoire de cette campagne est la libération des camps de milliers de prisonniers de guerre alliés, ce qui explique aussi l’intensité des combats et du nombre de soldats tués.

Forces impliquées

  • Effectifs australiens : Environ 30 000 soldats australiens furent engagés dans la campagne, principalement issus des 7e et 9e divisions d’infanterie. Ils étaient appuyés par la Royal Australian Navy, la Royal Australian Air Force, ainsi que des unités américaines spécialisées dans le débarquement et l’ingénierie.
  • Forces spéciales : Les commandos australiens du SRD (« Z Force ») menèrent des opérations de guérilla et de renseignement derrière les lignes japonaises, soutenant les populations locales dans la résistance et préparant les débarquements alliés

Rôle et actions des soldats australiens

  • Débarquements amphibies : Les Australiens menèrent de multiples assauts sur les plages, souvent sous le feu ennemi, et avancèrent rapidement pour sécuriser les têtes de pont.
  • Combats dans la jungle : Les soldats durent affronter un terrain difficile, la mousson, la maladie et une résistance japonaise acharnée, notamment lors des batailles de Beaufort et Balikpapan.
  • Libération des prisonniers : Après la victoire, ils libérèrent des milliers de prisonniers de guerre alliés détenus dans des conditions extrêmes, notamment au camp de Batu Lintang à Kuching.
  • Rétablissement de l’ordre : Après les combats, les Australiens aidèrent à rétablir l’administration civile et à reconstruire les infrastructures détruites.

Anecdote sur la photographie relevée par un historien.

L’homme de gauche, qui se repose, ne porte pas ses plaquettes d’identification autour du cou, contrairement à son camarade à côté de lui. Torse nu, s’il venait à être tué (par l’explosion d’un obus par exemple), il ne serait pas identifiable, contrairement à son camarade. Ce manquement était traité comme une « breach of discipline » (violation de la discipline) et entraînait des mesures disciplinaires.

Dans le cas présent, en opération, ce soldat risquait notamment une arrestation et/ou une retenue de solde. Le non-port des plaques était pris très au sérieux, surtout dans les zones de combat où l’identification rapide des corps était vitale.

Les plaques d’identification étaient souvent le seul moyen d’identifier un soldat décédé. Leur absence compliquait grandement le travail d’identification et le rapatriement des effets personnels surtout si l’uniforme était absent (il était torse-nu) ou dégradé, ce qui pouvait causer de la détresse aux familles et des problèmes administratifs majeurs.

Tout soldat devait à chaque instant porter ses plaquettes et avoir son arme à portée de main.

Fin.

Par Alain Schenkels