Lorsque des soldats qui pourtant risquent leurs vies, sont fusillés par les leurs. L’histoire du caporal français Emile LE PAHUN fusillé en 1916

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- Né le 8 janvier 1886 (lundi) – Saint-Nazaire, 44184, Loire-Atlantique, Pays de la Loire, France
- Fusillé le 1er juin 1916 (jeudi) – Aubercy, 55565, Meuse, Lorraine, France, à l’âge de 30 ans
- Caporal 64e régiment d’infanterie (64e RI), 3e compagnie, classe 1909, matricule 904
- Profession (civil) : Frappeur « Ouvrier qui dans une forge est employé surtout à battre le métal chaud. »
Informations
Cet homme symbolise les 953 soldats et civils français exécutés durant la Première Guerre mondiale. Il est important de ne pas porter un jugement hâtif sur l’armée française de cette époque. Le contexte de guerre, où la vie humaine avait peu de valeur aux yeux de certains officiers, était radicalement différent du nôtre.
Le caporal Émile LE PAHUN et le soldat André SCHLOSSER, appartenant à la 3e compagnie, ont tiré des coups de feu en l’air lors d’une inspection du général Pétain. Arrêtés sur le fait, ils ont été jugés sommairement le soir même, sans défense ni passage devant un conseil de guerre. Condamnés à mort pour servir d’exemple, ils ont été fusillés dès le lendemain matin.
Si leur comportement, commis sous l’emprise de l’alcool, est très grave, leur exécution rapide et expéditive, sans respect des procédures militaires, soulève des interrogations. Contrairement à d’autres soldats, Émile LE PAHUN n’a jamais été réhabilité, malgré l’illégalité de sa condamnation au regard des règles militaires en vigueur.
Comment expliquer ces exécutions sommaires de soldats?
D’une part, la pression psychologique extrême du soldat.
Les soldats vivaient dans des conditions épouvantables, soumis à un stress intense, à la peur constante de la mort et à une fatigue chronique. Ces conditions extrêmes pouvaient altérer leur jugement et les conduire à des actes de actes impulsifs.
D’autre part, la nécessité de maintenir la discipline.
Les mutineries et les actes de désobéissance étaient relativement fréquents, notamment en raison des conditions de vie et de la lassitude des soldats. Les exécutions sommaires servaient alors de moyen de dissuasion pour rétablir l’ordre et renforcer l’autorité militaire.
Ces deux hommes ne méritaient certes pas de mourir ainsi, ceux-là même qui risquaient leurs vies en affrontant les Allemands, mais c’est leur comportement qui les conduisirent à la peine capitale.
953 soldats Français ont été fusillé lors de la première guerre mondiale :
- 639 pour désobéissance militaire
- 140 pour des faits de droit commun
- 127 pour espionnage (y compris des civils)
- 47 pour motifs inconnus
Un autre exemple, vous avez peut-être vu le film « Le Pantalon » réalisé par Yves Boisset, basé sur l’histoire réelle de Lucien Bersot, soldat fusillé pour avoir refusé de porter un pantalon ayant appartenu à un mort.

Par Alain Schenkels

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