Les progrès de l’aviation lors de la première guerre mondiale

Les progrès de l'aviation lors de la première guerre mondiale

Légende photo : Pilote belge portant les ailes et les colliers du roi Albert vers 1917

C’est au cours des différentes guerres que l’aéronautique a fait ses plus grands progrès.

Pour la première fois, la guerre s’invite dans le ciel avec des combats aériens opposant souvent des pilotes insuffisamment formés à des aéronefs fragiles. Ces affrontements ont été particulièrement meurtriers des deux côtés. C’est en France qu’a été créé le premier groupe de bombardement au monde, le 23 novembre 1914. Les Voisins III étaient les seuls avions disponibles pour cette mission. Ces appareils ne pouvaient emporter que des chargements très légers, entre 55 et 160 kg de bombes qui étaient rudimentaires, et les systèmes de visée restaient à développer.

Au départ, les pilotes ennemis s’envoyaient des briques, des grenades et d’autres objets, y compris des cordes destinées à s’emmêler dans les hélices des appareils adverses. Le premier appareil détruit au combat est un Avro 504 de reconnaissance britannique, abattu en Belgique à coups de fusils le 22 août 1914.

Le 8 septembre 1914, un avion austro-hongrois est attaqué par le pilote russe Piotr Nesterov lors de la bataille de Lemberg sur le Front de l’Est. Ce dernier lui fonce dessus, détruisant l’aéronef ennemi. C’est la première fois qu’un avion est abattu par un autre. Il n’y eut cependant pas de vainqueur, les deux appareils s’écrasèrent au sol, tuant les pilotes.

Rapidement, des armes à feu sont utilisées, non pas dans le but d’abattre l’avion ennemi, mais plutôt ses pilotes. Les batailles aériennes ressemblent à celles des fantassins au sol, les pilotes s’entretuent en se tirant dessus.

Le 5 octobre 1914 est une date clé dans l’histoire des combats aériens.

Le mécanicien Louis Quenault (1892-1958) a marqué l’histoire de l’aviation en installant une mitrailleuse Hotchkiss Mle 1914, en calibre 8 mm Lebel, fixée à son avion, contribuant ainsi à l’évolution des armements aériens.

Caporal mécanicien aviateur affecté auprès du sergent-pilote Joseph Frantz (1890-1979) au sein de l’escadrille de reconnaissance aérienne V 24, Louis Quenault est son équipier à bord du biplan Voisin LA III à moteur Salmson, numéro 89. Ils sont engagés lors de la mission du 5 octobre 1914, confrontant un avion allemand de reconnaissance Aviatik B.I au-dessus de Jonchery-sur-Vesle (Marne).

Engageant le combat contre l’Aviatik, Louis Quenault utilise la mitrailleuse Hotchkiss Mle 1914 montée sur le Voisin, tandis que l’Allemand ne peut se défendre qu’avec un petit fusil d’infanterie. La deuxième rafale abat l’adversaire qui, mal armé, avait peu de chances de remporter le combat. Durant l’affrontement, quarante-sept balles sont tirées pour abattre l’ennemi. L’Aviatik s’abat en flammes dans les lignes françaises, tuant les deux membres d’équipage et officialisant ainsi ce succès, une journée mémorable dans l’histoire de l’aviation de guerre.

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Légende photo : Le pilote Joseph Frantz à gauche et le mécanicien Louis Quenault à droite,
une équipe déterminante dans l’histoire de l’aviation.

L’équipage français remporte la toute première victoire aérienne de l’histoire.

Rapidement, de plus en plus d’appareils furent équipés de mitrailleuses, marquant officiellement le début de l’ère du combat aérien, les Allemands suivant cet exemple.

Les débuts des bombardements tactiques et stratégiques eurent lieu dès les premiers jours de la guerre. Ainsi, le Royal Naval Air Service (RNAS) mena des missions de bombardement sur les hangars des aéroports de Düsseldorf, Cologne et Friedrichhafen durant l’automne 1914.

La formation du Brieftauben Abteilung Ostende (« Détachement des pigeons voyageurs d’Ostende », nom de code des premières unités de bombardement allemandes) effectua des missions de bombardement au-dessus de la Manche en décembre 1914.

Début 1917, bien que perdant un nombre important de leurs pilotes, les Allemands remportèrent la suprématie dans la guerre aérienne sur le front occidental grâce aux avions de chasse Fokker et Albatros, réputés plus robustes que les fragiles avions alliés, qui coûtèrent la vie à de nombreux pilotes chevronnés. Cependant, début juin, avec l’introduction du SPAD XIII, les Alliés commencèrent progressivement à inverser la tendance.

Un exemple notable est avec la mort de ce pilote Allemand dont l’avion s’est écrasé en France en 1918, qui a été abattu par un SPAD XIII.

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Ci-dessous, un biplan allemand Fokker opposé à un fragile biplan français, peut-être un SPAD S.VII, équipé d’une mitrailleuse synchronisée. La différence de technologie entre ces avions symbolise les défis rencontrés par les pilotes lors de la Première Guerre mondiale.

Lors des combats aériens, les pilotes Allemands dominaient le ciel, ayant davantage de chances d’abattre leurs adversaires.

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L’arrivée de l’avion de chasse SPAD XIII, conçu par Louis Béchereau et fabriqué par la société française SPAD, a marqué un tournant significatif dans l’évolution de l’aviation militaire..
Contrairement au SPAD S.VII, le SPAD XIII était équipé d’une deuxième mitrailleuse, en faisant l’appareil le plus rapide de son époque, pouvant atteindre jusqu’à 350 km/h. Cette vitesse permettait à un pilote de fondre sur un avion ennemi et de l’abattre avant qu’un mitrailleur ou un chasseur adverse ait le temps de riposter efficacement. Bien qu’il fût le meilleur chasseur de son temps, le SPAD XIII était particulièrement difficile à manier pour les pilotes inexpérimentés, ce qui en coûta la vie à plus d’un. Cependant, aux mains des pilotes chevronnés, il se révélait redoutable.

Le SPAD S.XIII s’est avéré être l’un des rares chasseurs capables de dominer les redoutables Fokker Allemands et est largement considéré comme le meilleur chasseur de la Première Guerre mondiale. Il a été fréquemment utilisé pour attaquer des cibles terrestres, notamment les tranchées allemandes lors des assauts Alliés. À partir de juin 1917, les armées françaises, belges, italiennes, anglaises et américaines ont employé 8 472 exemplaires de ce type, cumulant ainsi les victoires lors des combats aériens contre les Allemands, qui ont perdu un nombre important d’appareils et d’hommes.

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L’armée belge disposait aussi de 3 bombardiers :

Voisin 5
Ce n’est certainement pas le meilleur bombardier que l’armée belge ait utilisé. Cet avion, pouvant transporter deux membres d’équipage (pilote et mitrailleur), était équipé d’une mitrailleuse ou d’un canon de 37 mm et transportait seulement 60 kg de bombes. Les Voisins 150 ch (comme on les appelait sur le front de l’Ouest) étaient mal vus par leurs équipages. Malgré le moteur plus puissant, la charge utile du Voisin Type V n’était que légèrement meilleure que celle du Voisin III, et la vitesse maximale n’était que de 13 km/h plus rapide, soit seulement 105 km/h. Environ 350 Voisin Type V ont été construits et ceux-ci ont servi aux côtés des Voisin Type III dans des escadrilles de première ligne de 1915 jusqu’en 1916.

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Caudron G.4
C’est en 1915 que l’avion Caudron G.4, polyvalent en tant qu’appareil de reconnaissance, d’entraînement et de bombardement, a été introduit, remplaçant le désastreux Voisin 5 tant sur le plan matériel qu’humain. Il s’est illustré à maintes reprises tout au long de la Première Guerre mondiale, permettant à de nombreux équipages d’abattre des avions ennemis. René Fonck a notamment remporté ses premières victoires homologuées à bord de cet appareil, forçant un avion de reconnaissance allemand Rumpler C.I à atterrir derrière les lignes alliées le 6 août 1916 à 10 h 30.

Le Caudron G.4, un bimoteur révolutionnaire, a été le premier capable de poursuivre le vol sur un seul moteur. Sa vitesse maximale était limitée à 132 km/h avec deux membres d’équipage, équipé de 2 mitrailleuses jumelées Lewis de 7,7 mm, et capable de transporter jusqu’à 120 kg de bombes. Malheureusement, parmi sa production, seuls quelques exemplaires ont survécu à la guerre et un grand nombre de pilotes et mitrailleurs ont perdu la vie à bord de cet appareil.

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Breguet 14
Il s’agit du premier avion produit en masse utilisant une structure métallique plutôt que du bois. Cette structure, plus légère à résistance égale, rend l’avion plus rapide et plus agile compte tenu de sa taille. Pour cette raison, il est considéré comme le meilleur bombardier moyen de la Première Guerre mondiale, tout en étant l’appareil biplace le plus rapide.

Le 13 août 1917, deux Breguet 14 A.2 ont transporté le roi Albert 1er et la reine Elizabeth pour décorer des équipages de la Br 218.

Au total, la Belgique a disposé de 40 bombardiers Breguet 14 durant la Première Guerre mondiale.

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Par Alain Schenkels

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1 commentaire

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Pavel Obrastov

Les avancées technologiques ont toujours été formidables durant les guerres, à se demander ce que nous ferions sans la guerre.

J’ai rigolé bien que ce ne soit pas amusant, lorsque j’ai lu la citation « Rapidement, des armes à feu sont utilisées, non pas dans le but d’abattre l’avion ennemi, mais plutôt ses pilotes. Les batailles aériennes ressemblent à celles des fantassins au sol, les pilotes s’entretuent en se tirant dessus. »
À quoi bon détruire du matériel coûteux si c’est pour faire la guerre comme au sol? Mais rapidement l’homme a trouvé comment mieux tuer l’ennemi… Ce n’est pas de l’ironie, mais un constat la guerre est faite d’hommes qui doivent s’entre tuer pour gagner le combat.

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