En 1992, le Danemark ouvrait ses portes à 321 réfugiés palestiniens, fuyant la guerre et l’instabilité.
Ce geste, salué à l’époque, s’est rapidement transformé en un véritable défi pour la société danoise.
L’intégration mise à l’épreuve
Les chiffres issus de plusieurs décennies d’observation sont sans appel :
- 64 % des réfugiés palestiniens accueillis en 1992 ont été impliqués dans des affaires de criminalité lourde entre 1992 et 2019. Ce taux, particulièrement élevé, met en lumière les difficultés d’intégration de cette population dans la société danoise.
- 80 % de ces exilés ont dépendu durablement des aides sociales, révélant une insertion économique très limitée et une dépendance préoccupante à l’égard de l’État-providence.
L’histoire ne s’arrête pas là.
Les 999 enfants issus de ces réfugiés n’ont pas échappé à la spirale :
- 34 % d’entre eux ont suivi la même voie criminelle que leurs parents, illustrant la transmission intergénérationnelle des difficultés d’intégration et l’échec des politiques d’accompagnement.
Un bilan qui interroge
Ce constat soulève des questions fondamentales sur les choix politiques en matière d’accueil et d’intégration des réfugiés. Ce taux de criminalité et de dépendance sociale s’explique par des facteurs culturels et sociaux. Quel gouvernement, même animé des meilleures intentions, peut-il se permettre aujourd’hui de renouveler une telle expérience ?
Les pays arabes voisins devraient tout logiquement accueillir les réfugiés palestiniens, mais ils ferment leurs frontières
Si de nombreux pays arabes affichent un soutien politique à la cause palestinienne, la réalité sur le terrain est tout autre lorsqu’il s’agit d’accueillir les réfugiés palestiniens. Les frontières restent en grande partie fermées, même lors des crises humanitaires majeures.
- L’Égypte n’ouvre sa frontière avec Gaza que dans des cas exceptionnels, essentiellement pour les personnes gravement malades ou blessées. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a affirmé à plusieurs reprises que les Palestiniens devaient « rester sur leur terre », craignant qu’un afflux massif ne menace la stabilité du pays et ne serve les intérêts d’Israël, qui pourrait ainsi se décharger de la question palestinienne.
- La Jordanie, qui compte déjà une importante population d’origine palestinienne, refuse catégoriquement d’accueillir de nouveaux réfugiés. Le roi Abdallah II a déclaré qu’une nouvelle vague de réfugiés franchirait une « ligne rouge », menaçant la fragile identité nationale jordanienne et la stabilité du pays.
- Le Liban et la Syrie ont, dans l’histoire, accueilli des réfugiés palestiniens, mais dans des conditions très restrictives et souvent discriminatoires. Au Liban, par exemple, les Palestiniens font face à de nombreuses limitations en matière de droits civils, économiques et sociaux, et le pays refuse toute intégration durable, préférant laisser la gestion de ces populations à l’UNRWA, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens.
Les raisons du refus
Les motivations de ce refus sont multiples :
- Crainte d’une installation définitive : Les pays arabes voisins redoutent qu’accueillir les réfugiés revienne à entériner l’expulsion permanente des Palestiniens de leur terre, affaiblissant ainsi la revendication d’un futur État palestinien.
- Stabilité interne : Un afflux massif de réfugiés pourrait aggraver les tensions sociales, économiques et politiques déjà présentes dans ces pays, où la situation est souvent précaire.
- Sécurité : L’Égypte, notamment, craint l’infiltration de militants dans le Sinaï, ce qui pourrait menacer la sécurité nationale et remettre en cause les accords de paix avec Israël.
- Équilibre démographique : La Jordanie, où une large part de la population est déjà d’origine palestinienne, redoute une remise en cause de son identité nationale.
Un paradoxe régional
Malgré des discours de solidarité, la réalité reste celle d’une fermeture quasi-générale des frontières aux réfugiés palestiniens. Les pays du Golfe, eux, n’accueillent que des étrangers fortunés, tandis que la majorité des réfugiés palestiniens restent confinés dans des camps, souvent dans des conditions précaires, sans perspective d’intégration ni de retour.
Ce paradoxe illustre la complexité de la question palestinienne au sein du monde arabe : un soutien politique affiché, mais une solidarité concrète limitée par des enjeux nationaux et régionaux.
En conséquence, revient-il aux pays européens d’accueillir les réfugiés palestiniens, et ainsi de mettre en péril, comme ce fut le cas au Danemark, la sécurité et l’économie de nos pays ?
Alain Schenkels

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