De Théo Francken, Minitre de la Défense :
Hier, lors du sommet de l’OTAN à La Haye, j’ai réalisé des interviews pour des médias de différents pays. Ce qui m’a frappé, c’est que la presse étrangère soutient beaucoup plus fortement la nécessité d’une montée en puissance militaire que la nôtre. C’est particulièrement vrai pour la presse de Scandinavie et d’Europe de l’Est. Comment expliquer cela ? Par une perception différente du risque. Là-bas, on craint vraiment l’agression russe. En Belgique, beaucoup trouvent cette idée absurde. Mais à quel point la menace de guerre est-elle réelle aujourd’hui ?
Des tanks à Bruxelles ?
Beaucoup de gens dans notre pays déclarent en plaisantant : « Il n’y aura jamais de chars russes déferlant dans Bruxelles ». Évidemment que non. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. La Belgique entrerait automatiquement en état de guerre avec la Russie si Poutine lançait une attaque contre un autre pays de l’UE, en vertu des traités de l’OTAN et de l’UE. Cela ne nécessite même pas une invasion à grande échelle. Même si Poutine bombardait simplement un pays de l’UE ou n’occupait qu’une zone frontalière, la Belgique se retrouverait en guerre avec la Russie.
Des proies baltes
Poutine peut répéter sans difficulté, à l’égard de trois États membres de l’UE – l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie –, les griefs qu’il a utilisés pour justifier son invasion de l’Ukraine. Pendant des siècles, Moscou a régné sur ces pays. Proportionnellement à la population totale, il y vit plus de Russes qu’en Ukraine. La présence de l’OTAN dans les pays baltes, à deux pas de Saint-Pétersbourg, est également une épine dans son pied. Bien sûr, Poutine souhaite restaurer le pouvoir de Moscou sur ces territoires, s’il en a l’occasion.
L’équilibre militaire
Si l’équilibre militaire conventionnel dans la région baltique penchait en faveur de la Russie, Poutine pourrait tenter sa chance, espérant que les pays européens reculeront devant une guerre prolongée avec la Russie et chercheront rapidement une issue diplomatique : un cessez-le-feu, au terme duquel l’Europe, grinçant des dents, accepterait la domination russe sur les États baltes.
Compter sur les États-Unis ?
Aujourd’hui, les États-Unis disposent d’une formidable force militaire en Europe. Si elle se retire (en partie), comme les Américains pourraient l’annoncer, la puissance militaire de l’OTAN à la frontière orientale de l’Europe subirait un énorme coup. Si, dans ce cas, il y avait un rapide déploiement de troupes russes aux frontières des pays baltes, qui empêcherait Poutine de frapper ? Seules des armées européennes puissantes pourraient le faire. Personne d’autre.
Aujourd’hui, après des décennies de réduction, les États européens ne disposent pas de telles armées puissantes. C’est pourquoi nous commençons à les reconstruire. Nous ne le faisons donc pas par peur des caprices de Trump, mais pour une raison bien plus importante : préserver la paix en Europe.
Theo Francken,
Ministre de la Défense
Titre de l’article et illustration : Alain Schenkels
Traduction en français : IA Perplexity
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